Article OPEX 360, avec le titre : Le coût des infrastructures dédiées aux futurs F-35A allemands a encore bondi de plus de 60 %
https://www.opex360.com/2025/07/04/le-c ... lus-de-60/
Pour mettre en œuvre des chasseurs-bombardiers F-35A, il ne suffit pas de les acheter : encore faut-il disposer des infrastructures nécessaires à leur exploitation. Et celles-ci doivent être conformes aux normes de sécurité édictées par le Pentagone, ce qui exige des investissements importants.
Ainsi, ayant commandé trente-quatre F-35A auprès de Lockheed Martin, la Belgique avait prévu, en septembre 2020, une provision de 300 millions d’euros pour construire les infrastructures ad hoc sur les bases aériennes de Florennes et de Kleine-Brogel. C’est un « montant conséquent » mais « il y aura un large retour pour l’économie belge, que ce soit en termes d’acquisitions, de TVA, de charges sociales ou d’emploi », avait affirmé Philippe Goffin, alors ministre de la Défense et des Affaires étrangères. Seulement, deux ans plus tard, le ministère belge de la Défense notifia à un consortium belgo-néerlando-américain un marché de 600 millions d’euros pour « moderniser les infrastructures des bases de Florennes et de Kleine-Brogel », dans le cadre d’un partenariat public/privé, établi pour une durée de dix ans. « Le concept proposé, d’une valeur d’investissement d’environ 300 millions d’euros par base, répondra non seulement aux exigences techniques et fonctionnelles nécessaires à l’exécution des opérations et à la maintenance du F-35, mais accordera également une attention particulière au bien-être du personnel », avait-il justifié.
Pour rappel, les F-35A exigent un environnement hautement sécurisé. D’où la nécessité de construire des « Flightline Aircraft Shelters » pour les abriter. Outre les bureaux, les ateliers et les bâtiments pour les simulateurs, ces infrastructures comprennent aussi des locaux de type « Special Access Program Facility » [SAPF], où les missions doivent être planifiées et débriefées.
Une hausse des coûts identiques a été constatée en Allemagne, plus précisément sur la base aérienne de Büchel, qui abritera les trente-cinq F-35A commandés pour les besoins de la Luftwaffe afin de lui permettre de maintenir sa participation aux plans nucléaires de l’Otan. Initialement, le coût du chantier pour mettre aux normes les infrastructures de cette base avait été estimé à 525 millions d’euros. Sauf que, en février 2024, selon des documents budgétaires du ministère allemand de la Défense consultés par l’hebdomadaire Wirtschaftswoche, il apparut que la modernisation de cette emprise allait coûter deux fois plus cher que prévu.
« Dans le pire des cas, les coûts de l’infrastructure du F-35 devraient augmenter jusqu’à 1,2 milliard d’euros d’ici 2027 », avait-il été alors avancé. Pour expliquer cet écart, le ministère fit valoir qu’il n’avait « pas suffisamment de temps » pour planifier ce chantier dans les détails… Il est vrai que la décision d’acquérir le chasseur-bombardier de Lockheed Martin avait été annoncée peu après le début de la guerre en Ukraine… alors que, jusque-là, la Bundeswehr se préparait à mettre en œuvre des F/A-18 Super Hornet. Visiblement, cette hausse des coûts n’est pas terminée. En effet, un porte-parole du ministère allemand de la Défense a confirmé que le montant de la facture pour les infrastructures de la base Büchel pourrait atteindre les 2 milliards d’euros. Soit 800 millions de plus par rapport à l’estimation réalisée en février 2024.
Étant donné qu’il doit être terminé avant l’arrivée des premiers F-35A, ce chantier mobilise une main d’œuvre importante, ce qui n’est évidemment pas sans conséquence sur la facture. C’est d’ailleurs ce que le ministère allemand a suggéré en expliquant que le « rythme des constructions » expliquait en partie cette hausse de plus de 60 %. En outre, « c’est le chantier le plus complexe et le plus vaste jamais mené par la Bundeswehr », a ajouté son porte-parole.
Cela étant, le chantier de la base de Büchel n’est qu’une goutte d’eau au regard des 67 milliards d’euros que le ministère allemand de la Défense devra dépenser pour rénover ses emprises, dont beaucoup sont en mauvais état, alors que le format de la Bundeswehr va augmenter dans les années à venir.