Article OPEX 360, avec le titre : Libye : La frégate grecque HS Spetsai a tenté, sans succès, de contrôler un cargo affrété par la Turquie
http://www.opex360.com/2020/06/11/libye ... a-turquie/
Le 5 juin, et alors que ce n’était pas forcément acquis d’avance, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté, à l’unanimité, la résolution 2526, laquelle prolonge, pour un an de plus, l’autorisation d’inspecter tout navire en haute mer en « vue d’assurer le strict respect » de l’embargo sur les armes imposé à la Libye depuis 2011.
Cette autorisation avait été donné pour la première fois en 2016, avec la résolution 2292. Puis elle a été renouvelée chaque année, avec les résolutions 2357 [2017], 2420 [2018] et 2473 [2019]. Et c’est donc sur cette dernière que s’appuie le mandat de l’opération navale européenne EUNAVFOR MED « Irini » pour faire respecter l’embargo imposé à la Libye.
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L’objectif principal d’Irini est donc de faire respecter l’embargo sur les armes imposé à la Libye, la surveillance des exportations illicites de pétroles libyen étant secondaire. Or, pendant quelques temps, et après le départ du « Jean Bart », la mission européenne a été privée de navire… Mais ce n’est plus le cas actuellement étant donné que la frégate grecque HS Spetsai a récemment rejoint la zone des opérations.
Dans la mesure où les relations entre la Grèce et la Turquie sont toujours compliquées, on pouvait s’attendre à des frictions entre la frégate grecque et les éventuels cargos affrétés par Ankara pour acheminer des armes en Libye. Et c’est précisément ce qui est arrivé le 10 juin.
En effet, le Cirkin, un cargo battant pavillon tanzanien, parti du port turc d’Haydarpasa avec peut-être des chars M60A3 à son bord, est entré dans la zone couverte par Irini pour se rendre en Libye. Le quartier général de l’opération européenne a donc ordonné à la frégate grecque de faire décoller son hélicoptère Sikorsky S-70B afin de contrôler le navire en question.
Seulement, selon des détails donnés par CNN Greece, ce dernier était accompagné par une frégate turque, laquelle a fait savoir que le Cirkin était sous sa protection. Dès lors, le commandant de la force Irini, l’amiral italien Ettore Socci, a ordonné au navire grec de faire revenir son hélicoptère.
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Par ailleurs, peu avant l’intervention de la frégate grecque, un avion ravitailleur C-135FR de l’armée de l’Air a été repéré au-dessus de la Méditerranée centrale, via, là encore, les sites de suivi du trafic aérien. Ce qui suppose que des Rafale devaient probablement se trouver dans le secteur. En outre la présence d’un E3CF Sentry de l’Otan a également été constatée dans la même zone.
Article OPEX 360, avec le titre : La Turquie fait une démonstration de force en Méditerranée et envisage d’établir deux bases permanentes en Libye
http://www.opex360.com/2020/06/12/la-tu ... -en-libye/
Quelques heures après que la frégate HS Spetsai, de l’opération navale européenne Irini, a été fermement invitée par la marine turque à ne pas contôler le cargo Cirkin, suspecté d’acheminer une cargaison d’armes vers la Libye, en contravention avec la résolution 2526 des Nations unies, Ankara a annoncé la tenue d’importantes manoeuvres navales et aériennes en Méditerranée, ce 12 juin.
Au total, pas moins de 8 frégates et corvettes ont été mobilisées, de même que 17 avions, dont des F-16, un E-7A Wedgetail [de type AWACS, ndlr], un ravitailleur en vol et un Casa CN-235.
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au regard des tensions récentes, l’exercice (…) prend un relief particulier. Pour rappel, et au-delà de sa rivalité avec la Grèce, la Turquie poursuit ses activités de forage dans la zone économie exclusive de la République de Chypre dans le but de mettre la main sur les ressources gazières qui s’y trouveraient. Et cela, malgré les condamnations de l’Union européenne [UE]. Il y a un mois, cette dernière avait accusé Ankara « d’aggraver les tensions en Méditerranée orientale ».
Et cela ne risque d’aller en s’améliorant… En effet, pour appuyer ses prétentions, la Turquie a signé un protocole d’accord sur ses frontières martimes avec le Gouvernement d’union national libyen [GNA]. D’où le soutien qu’elle fournit à ce dernier, face aux troupes du gouvernement de Tobrouk.
Ce accord permettrait à Ankara d’étendre son plateau continental de plus de 30%, ce qui torpillerait le projet de gazoduc EastMed, porté par la Grèce, la République de Chypre et Israël. Seulement, sa validité juridique reste encore à démontrer…
Reste que ce soutien au GNA pourrait se traduire par une présence militaire turque permanente en Libye. Du moins, c’est ce que prétend le quotidien Yeni Safak. En effet, Ankara aurait l’intention d’établir des bases à al-Watiya [au sud-ouest de Tripoli, destinée à mettre ne oeuvre des drones] et à Misrata, où le port accueillerait les navires de la marine turque.