Retour de mission ...

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Moutton
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#1

Message par Moutton »

Probable. Il serait sûrement déclaré comme victoire probable. Son Corsair était criblé d’impacts de balles et d’obus, mais il était encore en état de vol, miraculeusement, et il avait réussi à semer son agresseur. Il était maintenant seul, au dessus de l’océan. Son carburant se répandait lentement dans l’air, deux brèches dans les réservoirs en étaient la cause. Le Corsair devenait de plus en plus difficile à maintenir en vol, les commandes répondaient mal et se durcissaient encore plus chaque minute. Mais il rentrait à sa base, il rentrerait. Le porte-avion sera là, l’attendant. Par chance, aucun de ses instruments de navigation n’avait été touché, avec de grands efforts il parvenait à conserver un cap relativement constant et une vitesse correcte. Difficilement, il parvenait à prendre de l’altitude, lentement, le moteur grognait, toussait, mais acceptait la charge imposée par son pilote. Par sa sonorité, il laissait entendre sa douleur, plusieurs de ses pistons ayant été crevés par le feu ennemi, à cela venait s’ajouter ses fuites de carburant et d’huile qui venaient éclabousser le cockpit, le rendant un peu plus opaque à chaque instant. Pour l’instant, la visibilité était correcte, elle sera bientôt plus qu’un lointain souvenir.

Tout était arrivé si vite. La formation volait tranquillement en mission de reconnaissance quand ils leur sont tombés dessus. Les Japonais. Le leader est tombé le premier, il n’a rien vu venir, comme aucun de nous. Au moins deux chasseurs ennemis ont concentré leurs feux sur lui, ils voulaient être sûrs de l’abattre. Tout a été si vite. Par réflexe, il a braqué à droite, pour tenter de poursuivre les deux appareils fuyants. Ce fut sa première erreur. S’éloignant de la protection de la formation, il n’a également pas pensé à regarder dans ces arrières. A peine deux secondes après son virage, il pris en chasse à son tour. Les premiers impacts sur sa carlingue. Maintenant il connaissait cette sensation de peur qui vous frappe quand la mort est si proche. C’est son aile gauche qui a encaissé ces premières balles. La rafale a continué sur le fuselage et la dérive, il l’a sentie. Plonger. Gagner de la vitesse et les distancer. Pour mieux revenir. Les gaz ouverts à fond, le moteur est poussé à la peine puissance. Un demi-tonneau, l’océan est là, tirer sur le manche. La descente est vertigineuse. Dans les écouteurs, c’est le chaos, tout le monde parle, crie, alerte, hurle, appelle à l’aide. Il ne peut rien dire, il a la gorge nouée, bloquée par l’accélération. A son altimètre, il vient de chuter de plus de 1.000mètres. Lentement, il redresse, surtout ne pas tirer trop, ne pas dépasser le point de rupture. Il entame sa remontée, toujours à pleine puissance. Déjà, il voit les premières fumées des combats, elles sont noires ou blanches, certaines cachent des flammes qui lèchent les carlingues. Des Américains et des Japonais se partagent ses marques de blessures. Il n’écoute plus la radio, à peine l’entend-t-il, trop concentré sur ce qu’il voit et ce qu’il va faire, ce qu’il doit faire.

Là. Un Corsair semble en difficulté. Il est au-dessus de ce duel, il va pouvoir plonger et sauver son compatriote. Les deux appareils grossissent progressivement dans le viseur. Il hurle vainement à la radio de ses intentions de tirs, mais personne ne répond. Dans cet immense champ de bataille sans frontières, chacun se bat pour soi, chacun tente de survivre. Il arrive à portée. Le Japonais ne l’a pas vu, il continue sa course. D’un coup, il écrase sa gâchette et tire une longue rafale qui vient s’écraser sur le flanc droit de l’oiseau blanc. Il fume. Il bascule à droite. Le panache blanc vire au noir, quelques traces orangées passent au travers, il ne reviendra pas. Heureux de sa victoire, il passe en trombe devant celui qu’il vient de sauver, il n’a pas le temps d’identifier l’appareil, il ne sait pas qui c’est. Peu importe, il est sauf, ils sont saufs, tous les deux.

Un large virage à droite. Retourner dans cet enfer. Il le faut. Trop concentré sur les duels qui s’engagent, il en oublie de vérifier ses arrières. Grave erreur. Un éclat de soleil l’éblouit dans son rétroviseur. Un chasseur ! Il fait feu !! Mais il est déjà trop tard, les balles fusent autour de l’appareil. C’est l’aile droite qui paye le plus lourd tribut. Un panneau s’arrache. Un autre le suit. Du carburant s’envole, les réservoirs sont touchés. Pourvu qu’il ne prenne pas feu ! Il a à peine le temps de se retourner et plonger. Une longue rafale le suit. Elle le touche du capot moteur à la dérive. Il a vu les impacts devant lui, il les a senti autour de lui. La mort n’a jamais été aussi proche que ça. Ses mains sont moites, son esprit embrumé, il ne réfléchit plus, ce sont ces réflexes qui le sauvent. Il file vers le sol. La pression d’admission chute, celle de l’huile également. C’en est fini de ce combat, s’il s’en sort. Il réduit les gaz pour ménager son moteur et ne pas rentrer en survitesse. Les rafales ont cessé, le Japonais est parti. Il relève son appareil très tardivement, afin de pouvoir filer au ras des flots. Plus rien à l’horizon. Il est seul. Une longue traînée blanche le suit, son carburant mélangé à de l’huile se répand dans l’océan. Le chasseur a été chassé. Il est devenu un ‘probable’.

Rester aussi bas que possible, cela devrait suffire à masquer sa retraite pour le moment. Il était devenu une proie facile, visible de loin, sans défense, blessée. Il changea de cap plusieurs fois, de peur d’être suivi par un appareil de reconnaissance ennemi. Il ne voulait pas donner le cap vers la Task Force Américaine. Finalement, il prit le cap vers son porte-avion. Il reprendrait de l’altitude un peu plus tard, pour mieux repérer la Task Force voire s’éjecter si nécessaire. Le moteur montrait des signes de fatigue de plus en plus marqués. Des flammes de mauvaise combustion se faisaient plus fréquentes, les pistons malades contaminaient les valides. L’huile allait venir à manquer, sans parler du carburant.

Qu’étaient devenus les autres ? Il avait vu au moins deux Corsairs tomber. Ils étaient partis à huit depuis le pont de l’USS ‘Majestuous’. Combien seront-ils à l’appontage ? Il ne préférait pas y penser, il fallait plutôt se concentrer sur le cap et la vitesse à conserver, en plus de gérer le carburant au plus juste. Les réserves de l’aile droite s’étaient maintenant complètement évaporées dans l’océan. Cet océan, à perte de vue, sans aucun signe de présence humaine. En temps normal, toute personne censée aurait trouvé ce spectacle superbe, sublime, mais les évènements en avaient décidé tout autrement. Cette plénitude apparente signifiait une aide qui ne viendrait pas. Il aurait donné tout au monde en cet instant pour voir ne serait-ce que le plus petit bateau, pourvu qu’il soit américain. Les cieux étaient également vides, mêmes les nuages s’étaient dissipés. Aucun appareil en vue, ni ami, ni ennemi. Rien, ni personne. Que ce bleu azur du ciel se mélangeant avec le bleu de l’océan. Un spectacle dont il ne pouvait pas mesurer et admirer toute la beauté. Il posa un regard sous son viseur. Jenn, sa femme, était là, elle lui souriait tendrement. Il lui rendit son sourire. Elle semblait si innocente pourquoi l’avait-il engagé dans cette aventure, elle qui restait au pays à ne pouvoir qu’attendre les nouvelles de la mort de son mari. Qu’avait-elle fait pour mériter ça ? Il aurait voulu lâcher le manche et empoigner cette photo, la mettre au plus près de son cœur, mais une main ne suffisait plus à maintenir l’avion en vol, s’il lâchait ce manche, la mort était assurée. Une larme chaude glissa sur sa joue.

La radio était silencieuse. Elle s’était arrêtée d’émettre quelques minutes après les combats. Il avait tout essayé, les fréquences navales, sous-marines, aériennes, d’urgence, toutes. Il avait cessé d’appeler. Il recommencerait plus tard. Rien ni personne ne semblait plus vouloir de lui.


(( A suivre ... ))
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werner
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#2

Message par werner »

OH YYYYYYYEEEEEEESSSSSSSSS Black Sheep ..........


Vite,.... la suite :god:


Signe Werner truffe qui attend
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titimagic
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#3

Message par titimagic »

vas y mouton on veut la suite et fin de cette hisoire
" A moi l'ivresse, l'ivresse... de la Guinness !!! "

Amigalopin
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#4

Message par Amigalopin »

Joli récit !!!

J'aime bien ce style, qui revient en arrière pour expliquer la situation :D

Vivement la suite B)
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Moutton
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#5

Message par Moutton »

Un regard à la montre indique 17h12. Cela va bientôt faire une heure qu’il a décollé. Ils se sont fait interceptés après 35 minutes de vol environ, qui aurait pensé à regarder sa montre avec précision dans une telle situation, pas lui en tout cas. Vingt minutes qu’il tente de retrouver sa base flottante, sa maison, son refuge. Dans un élan d’espoir, il enclenche la radio et appelle à l’aide. Il tente tous les canaux qu’il connaît et tous les codes qui lui sont autorisé d’utiliser sans se rendre compte qu’il pourrait s’agir d’une superbe opportunité à l’ennemi de déchiffrer certains de ces codes. Il ne pense pas à ça, il ne pense qu’à sa survie. Il attend plusieurs longues minutes. Non, il n’y a personne. Personne n’a entendu son appel. Peut-être n’est-il pas assez haut ? L’altitude permet d’étendre la portée des appels radio. Cette fois, il utilise les compensateurs pour augmenter son angle de montée. Il n’est qu’à 2000 mètres. Il va tenter de monter jusqu’à 3000. Si son moteur le lui permet. Tout dépend de lui. Un regard à gauche, un à droite, non, tout est vide aussi bien dans l’océan que dans les airs. Le moteur gronde, il ne veut pas monter. C’est trop pour le moteur blessé. Résigné, il remet l’assiette à zéro. La vitesse chute légèrement. Cet effort aura coûté quelques kilomètres par heure, la puissance est une denrée rare désormais, il faut la conserver avec le plus grand soin. Tant pis, il restera à cette altitude.

D’un coup, une peur subite lui secoue tout le corps. Et s’il était suivi ? Les Japonais seraient suffisamment fourbes pour suivre un appareil blessé à bonne distance pour qu’il les amène droit sur son porte-avion. C’est sûrement pour ça que ses appels ne lui sont pas rendus. Les radars embarqués ont sûrement déjà détecté l’appareil ennemi suivant le Corsair, ils ne veulent pas risquer toute une flotte pour la vie d’un seul pilote. Et pas de chance, ce fameux pilote, c’est lui. Un grand coup dans le palonnier et l’avion part violemment sur le côté. Il jette un regard dans ses ‘5 heures’, un autre coup pour vérifier ses ‘7 heures’. Il recommence cette manœuvre plusieurs fois, prenant bien soin d’examiner chaque portion de ciel qui s’offre à lui. Personne. Pas le moindre petit point noir à l’horizon, ni haut ni bas. Une peur en remplace une autre, peur de mourir ici, au milieu de nulle part, sans laisser de traces. Une mort anonyme, sans témoin. Son avion sera déclaré manquant ce soir, le pilote sera porté disparu. Et Jenn ! Elle recevra un télégraphe dans un mois, un an peut-être, l’annonçant de la mort de son mari. La vue de Jenn, sa Jenn, en train d’ouvrir ce télégraphe ! Comment pouvait-il laisser faire ça ! Elle était là, effondrée sur le sol, tenant dans sa main un petit carré de papier. Non, il ne laisserait pas faire ça. Le Corsair tremble. Il avait relâché le manche. D’une poigne ferme mais délicate, il reprend en main son appareil. Il ne mourrait pas ici, pas sans revoir sa femme. Pour mieux se concentrer sur son sort, il prend l’initiative de constater les dégâts, encore une fois. Les réservoirs ont cessé de fuir, cela signifiait qu’il ne fuyait plus sinon l’huile venant du moteur. Il ne laissait plus de longue traînée derrière lui, il était redevenu un avion, seul. Cela signifiait surtout qu’il avait perdu plus de la moitié de son carburant, confirmé par un bref regard sur ses jauges. Son aile droite était complètement déchiquetée, il se demandait comment elle faisait pour tenir encore l’air. Quand au capot, il avait vraisemblablement reçu plusieurs impacts mais globalement sans gravitée, exception faite pour le moteur. Il ne pouvait malheureusement pas constater les dégâts sur la dérive et les gouvernes de profondeurs, mais si elles étaient dans le même état que ses ailerons, ce n’était certainement pas un spectacle qu’il souhaitait voir. Décidément, le Corsair ne voulait pas tomber. Tant mieux.

Selon ses estimations, il restait encore une bonne vingtaine de minutes de vol, pourvu qu’il arrive à maintenir le cap et la vitesse constants, et encore une trentaine de minutes d’autonomie dans les réservoirs. Il est à mi-chemin. Le cap est relativement facile à conserver, le compas magnétique indique les déviations, mais pour ce qui est de la vitesse, elle a une fâcheuse tendance à baisser, lentement mais sûrement. Avec de la chance, il pourra rencontrer des patrouilleurs maritimes, de type ‘Catalina’. Cette chance qui l’avait lâché depuis le début, peut-être oserait-elle refaire surface. Des éclats de lumière sur la droite. Combien de fois s’était fait-il berner par des vagues reflétant le soleil ? Il n’y prête aucune attention. Tiens, on dirait … mais oui … ce sont des avions ! Enfin !

Ils volent bas, comme lui, ils n’ont apparemment pas d’intérêt à se faire découvrir. Ils ont l’air de suivre le même cap que lui, sûrement des appareils américains qui rentrent d’un raid ou d’une patrouille. Il est encore trop loin pour discerner le type des avions. Sa prudence lui interdit de s’en rapprocher et plutôt de garder sa vitesse et son altitude, surtout dans son état, on ne sait jamais. D’ici deux minutes, il saura de quoi, ou de qui, il s’agit. Ce sont peut-être des membres de son escadrille, des rescapés, comme lui. Un petit sourire s’installe sur son visage, il n’est plus seul. Ce ne sont pas des Corsairs, ceux-là sont des bimoteurs. Des B25 ‘Mitchell’ ? Non, ils n’ont pas sa dérive si caractéristique. Encore moins des ‘Catalina’. Mais … ce sont des bombardiers Japonais ! Ce sont des ‘Betty’ ! Ils sont capables de transporter des torpilles. Et ils se dirigent trop vers la Task Force ! Ils sont huit, en deux groupes de quatre … L’escorte ! Garder son sang-froid. Depuis qu’il avait repéré les appareils il n’avait plus pensé à regarder le ciel. Immédiatement, il se met à observer les airs, multipliant les mouvements de tête à s’en rompre les vertèbres. Où sont-ils ? Où est l’escorte ? A grands coups de palonnier, il regarde derrière lui, partout. Mais aucun signe de chasseurs. Pas même dans le soleil. Ils auraient déjà plongé sur lui. Huit bombardiers sans escorte ? Des proies faciles pour tout chasseur. En temps normal, il n’aurait pas hésité une seconde. Ici, c’est à peine s’il pouvait tenir en l’air. Son avion vibrait de plus en plus, il ne savait même pas si la structure arriverait à le porter jusqu’au bout. Maintenant, de nombreux panneaux battaient dans le vent, le ralentissant d’autant plus, et les rivets lâchaient les uns après les autres. C’était un miracle s’il parvenait ne serait-ce qu’à apercevoir son porte-avion, alors attaquer des bombardiers était hors de question. La vitesse prise lors de la descente suffirait à briser la structure, sans parler des mitrailleurs Japonais qui s’en donneraient à cœur joie. Il ne ferait que les survoler, sur leur gauche.

Il est là, à leur hauteur, quelque mille mètres plus haut. D’ici, il peut voir les mitrailleurs qui s’agitent. Ils sentent le danger. Ils ne savent pas s’il va attaquer, s’il va foncer sur eux. Va-t-il les dépasser pour faire une passe frontale, ou attend-il d’être sur le coté pour fondre sur la partie vulnérable de leur bimoteur ? Ils se préparent pour l’affrontement, certains tirent quelques cartouches pour l’intimider ou se rassurer. Il sourit. Puis, il se branche sur le canal d’urgence de la radio et lance un message pour signaler ce raid ennemi. Il répète son message quatre fois. Il reste sans réponse, sans surprise. Il n’aime pas cette situation, quelque chose cloche. Il vient dépasser les torpilleurs, ils sont maintenant juste sous son aile droite, dans un angle mort. Inconsciemment, il regarde à l’opposé, à gauche, en haut, dans le soleil. Des points noirs apparaissent. Des chasseurs ! Difficilement il essaye de les identifier. Il reconnaît la forme de l’aile, ce sont des Corsairs ! Fou de joie, il bat des ailes. Il espère ainsi leur renvoyer un reflet de soleil pour se faire repérer, ainsi que révéler la position du raid Japonais. Il ne tente même plus d’utiliser la radio. Les commandes deviennent extrêmement dures, chacune de ses manœuvres lui coûtent maintenant une énergie considérable, et c’est avec peine qu’il parvient à remettre son avion à plat. Ca y est, ils viennent de passer au dessus de lui. Est-ce qu’ils l’ont vu, apparemment non, aucun mouvement particulier du groupe.

Le moteur se remet à faire des ratés. La pression d’huile est presque à zéro, et la pression d’admission va bientôt passer sous le seuil critique. Plusieurs gerbes de fumée sont éjectées du capot. Décidément, s’il avait voulu se faire voir, il n’aurait pas pu mieux s’y prendre. Il avait déjà connu ce problème en vol d’entraînement, il savait comment réagir. En réglant le pas de l’hélice et en faisant remonter la pression d’admission, il devrait réussir à calmer son moteur. Oui, les ratés cessent, ça y est, il reprend un régime normal. Mais cette manœuvre implique une perte de vitesse non négligeable. Encore une. Sa vitesse est maintenant d’à peine 270 km/h. Un bref regard derrière son aile, et il se rend compte que les bombardiers le rattrapent. Un comble pour un chasseur. Il ne pourra pas prévenir la flotte de l’imminence de ce raid en arrivant légèrement plus tôt. Et les Corsairs ? Ils ont disparu. Non, ils sont là ! Il peut enfin les distinguer correctement. Il en compte douze, répartis en trois groupes de quatre. Ils se laissent tomber sur la droite pour attaquer. Formidable ! Les torpilleurs vivent leurs derniers instants avant le grand plongeon dans les eaux du Pacifique. Il incline légèrement son cap pour voir les Corsairs fondre sur leurs proies. Le premier envoie sa rafale de balles et dégage, immédiatement suivi par son ailier. Le premier bimoteur crache de la fumée noire depuis son aile gauche, mais arrive à maintenir sa position dans la formation. Quelle puissance de feu ont ces Corsairs, c’est impressio… Mais ! … Qu’est ce que …. En une fraction de secondes, des dizaines de balles viennent s’abattre sur son appareil. Elles crèvent littéralement son aile gauche. Pris par la surprise, il en lâche les commandes. Ce n’est pas possible, il a été pris pour un Japonais ! Sous les chocs, l’avion fait une embardée à gauche. Une deuxième rafale vient se jeter sur le flanc de l’appareil. Ils devraient voir les étoiles américaines !! Qu’est ce qui leur prend ?! Revenant à lui, il voit son assaillant qui s’éloigne, un avion frappé de l’étoile blanche, pour faire un virage et mieux revenir pour une deuxième passe. Vite, faire des manœuvres évasives. Sortir de ce combat. Ou cette mise à mort plutôt !

Désespérément, il tente de reprendre le contrôle de son appareil mais rien à faire, les commandes restent bloquées. Le manche refuse de bouger et les compensateurs n’ont plus aucun effet. Il est assis dans un bloc de métal figé, seul le moteur continue de fonctionner, tant bien que mal. Il n’a plus le choix maintenant, il doit s’éjecter. Il retire la canopée. Une claque le plaque contre son siège. Une force invisible l’empêche de bouger. C’est dans ses dernières forces qu’il doit puiser l’énergie de s’arracher de ce cockpit. Vite, détacher les sangles, et sauter. Vite, avant que le Corsair ne revienne. Il parvient, non sans difficulté, à se jeter dans le vide. Il est là. Dans le mouvement désordonné de sa chute, il parvient à le voir, le Corsair qui l’a attaqué. Il n’était qu’à 200 mètres à peine, prêt à faire feu de nouveau. Se mettre à plat. Tirer sur la poignée. Ouvrir le parachute. L’océan est juste en dessous. En une fraction de seconde, la grande toile s’est ouverte. Il pend, tel un pantin, au dessus des eaux. Il voit au loin son avion qui tombe lentement vers les flots traînant derrière lui une longue fumée noire. Il est là, son bourreau, en train de virer. Mais qu’est ce qu’il fait ? Il ne va quand même pas … La rafale le rata de peu. Mais ce type est fou ? Il n’a toujours pas compris que j’étais américain ? Depuis quand on tire sur les parachutes ? C’est pas possible !! Par chance, il avait une fusée de détresse dans son équipement de survie. Il la prend et attend que le Corsair se rapproche. Le voilà qui arrive. Il tire la fusée, bien en l’air, il ne faudrait pas que le pilote prenne ça pour une manœuvre agressive. Il est sans défense à présent, seul face à six mitrailleuses. Cette fois le Corsair passe en trombe juste à coté du parachute, sans tirer. Il bat des ailes. Il a compris ! Il fait un large virage et refait un passage. Attaché sous son grand drap blanc, il lui fait de grands signes, dont le salut militaire. Le pilote a réduit sa vitesse, il lui rend ses signes. Il a relevé sa position. Il va envoyer des secours. Son agresseur est devenu son sauveur. Après une ultime passe, le Corsair prend son cap de retour, sans oublier de battre des ailes une dernière fois.

De nouveau, il se retrouve seul. Les bombardiers sont hors de vue, les Américains également. Seul un fin nuage grisâtre subsiste, dernière trace de son Corsair, son appareil, son avion, sa deuxième demeure. Lentement, au gré du vent, il descend vers l’océan. Plus que quelques mètres. Il sait qu’il ne peut pas rester plus de deux heures dans ces eaux.

(( A suivre ))
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Flyingtom
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#6

Message par Flyingtom »

Tadam.......tadaam.......tadamtadamtadamtadamtadam....les requins à la soupe !!



Mais que va t il se passer ? Va t il etre sauvé par Arielle la petite sirene ou par Némo ?

A moins que Mobydick n'ai été recrutée par le grand Mikado pour attaquer la task force .............

2 Suppos , une pilule et :exit:


En tout cas du grand Moutton élevé en plein air , nourri sans farine animale... Un style et un rythme super !
Si l'homme a été crée avant la femme, c'était pour lui permettre de placer quelques mots.
- Jules Renard -

Amis fans de Bd : http://www.bouletcorp.com/blog/
OrneryBoy

FSF_Godz
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#7

Message par FSF_Godz »

Tadam.......tadaam.......tadamtadamtadamtadamtadam....les requins à la soupe !!
Oh non !!!!! Mon pire cauchemard ! :(
"Unix IS user friendly... It's just selective about who its friends are." — Tollef Fog Heen tollef@add.no
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