Enemy at the Gates: Panic Fighters of the Second World War
Un livre d’aviation qui me révèle l’existence d’appareils dont je n’avais jamais entendu parler est assez rare pour être signalé.
L’ouvrage se présente comme un livre sous jaquette en relatif petit format (18 x 3 x 25cm), de 288 pages édité par Fonthill Media (2019). L’auteur, Justo Miranda, semble spécialisé dans le "bizarre" de l'aéronautique, dans la catégorie "prototypes et projets incongrus" et qu’il en soit ici vivement remercié.
Comme son nom l’indique,
Enemy at the Gates: Panic Fighters of the Second World War (que l’on peut traduire par "L’ennemi arrive: les chasseurs d’urgence de la Seconde Guerre mondiale") nous présente pays par pays (ou théâtre d’opérations par théâtre d’opérations) les différents projets et prototypes plus ou moins réalistes de chasseurs à mettre d’urgence en œuvre face à l’imminence de la guerre/d’une invasion/d’une défaite.
Qu’on en juge par le sommaire plutôt touffu :
Introduction
1 - L'agression allemande (septembre 1938-février 1943)
2 - Tchécoslovaquie (1er octobre 1938-15 mars 1939)
3 - Pologne (1er septembre-6 octobre 1939)
4 - Danemark (9 avril 1940)
5 - Norvège (9 avril-7 juin 1940)
6 - Pays-Bas (10-14 mai 1940)
7 - Belgique (10-28 mai 1940)
8 - France (10 mai-25 juin 1940)
9 - Grande-Bretagne (10 juillet 1940-15 mars 1945)
10 - Suisse (16 mai 1940-4 février 1945)
11 - Roumanie (6 septembre 1940-24 août 1944)
12 - Hongrie (4 avril 1941-16 avril 1945)
13 - Yougoslavie (6-18 avril 1941)
14 - Grèce (6-27 avril 1941)
15 - L'agression russe (28 mai 1939-25 août 1941)
16 - Finlande (30 novembre 1939-4 septembre 1944)
17 - Lituanie (15 juin 1940)
18 - Estonie (17 juin 1940)
19 - Lettonie (17 juin 1940)
20 - Suède (30 novembre 1939-4 février 1945)
21 - L'agression japonaise (28 janvier 1932-15 août 1945)
22 - Chine (28 janvier 1932-15 août 1945)
23 - Khalkhin Gol / Nomonhan (11 mai-17 septembre 1939)
24 - Thaïlande (8-21 décembre 1940)
25 - Pearl Harbour (7 décembre 1941-4 mars 1942)
26 - Philippines (8 décembre 1941-9 avril 1942)
27 - Malaisie / Singapour (8 décembre 1941-15 février 1942)
28 - Birmanie (14 décembre 1941-26 avril 1942)
29 - Indes orientales néerlandaises (23 janvier-28 mars 1942)
30 - Ceylan (5-12 avril 1942)
31 - Australie (21 décembre 1941-15 août 1945)
32 - Avec moteur ennemi
Bibliographie
Tout cela a l’air bien alléchant mais qu’est-ce que contient ?
Il est évident que 32 chapitres en 288 pages ne laissent qu’entre deux ou trois pages à une dizaine au plus pour les chapitres les mieux fournis.
Chaque chapitre contient un bref résumé du contexte du moment qui a décidé de la naissance de ces projets de chasseurs d’urgence et de ce qu’il advint de ceux-ci (en général, rien). Ensuite vient une brève énumération de projets et prototypes dont la description technique est des plus sommaires (mais il est vrai que les sources à leur sujet sont aussi rares que fragmentaires). Ce qui sauve chaque chapitre du vide sidéral est la présence pout chaque appareil (ou presque) d’un dessin en 3-vues illustrant ce qu’il aurait pu donner.
Comme il y a eu manifestement usage massif de la fonction copier-coller d’une image, les "greffons" ainsi illustrés ont une allure à donner des fourmis dans les doigts à tout maquettiste uchronique qui se respecte.
D’autant plus que certains projets sont sérieux et auraient pu être efficaces là où d’autres pêchent par manque de moyens techniques et industriels, et certain frisent la démence pure et simple !
À certains égards, ce livre est autant d’intérêt aéronautique que politique, psychologique et social sur la thématique de ce qu’un esprit humain aux abois est capable d’inventer, même de plus délirant, et combien la rationalité est chose fragile. Sans oublier à quel point l’aveuglement, l’égoïsme et l’imprévoyance ont caractérisé les gouvernements de l’époque (et on se doute bien qu’il en est de même aujourd’hui mais j’aimerais éviter de commenter l’actualité, merci…)
Le livre contient sûrement une bonne dose d’erreur et d’approximations mais peut-on vraiment les éviter dans un domaine presque totalement effacé de l’Histoire ?
Le tout s’achève sur une copieuse bibliographie de 11 pages écrit très petit qui cite d’ailleurs abondamment des sources françaises et pas seulement pour les projets français.
Loin d’être l’ouvrage définitif sur la question, le livre de Justo Miranda constitue en fait le point de départ de toute personne intéressée par les chasseurs insolites de la Seconde guerre mondiale et qui souhaiterait approfondir la question, car il est évident que ce terrain est encore largement à défricher…
Au final, j’ai apprécié la lecture et ai souvent été amusé (ou effaré) par certains projets : je mets
3,5/5 à ce livre, pour l’originalité, le côté uchroniste jouissif et parce qu’il y a là un bel effort qui mérite d’être encouragé et continué.